A l’instar de notre interlocuteur, s’il y a une leçon que les membres du bureau directeur stadiste ont retenue de la relégation en Ligue 2, c’est de garder les pieds sur terre.
Le club continue à se restructurer doucement mais sûrement.
Quelles sont les raisons qui ont permis un retour rapide du Stade Tunisien en Ligue 1 ?
Le Stade Tunisien était prêt à retrouver l’élite depuis la saison dernière. C’est que sa relégation à la fin de la saison 2020-2021 était la conséquence d’une mauvaise gestion sportive. Notre équipe était classée au milieu du tableau, bien loin de la zone rouge, à l’issue de la phase aller. Nous aurions dû garder les pieds sur terre et ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, comme on dit. Nous pensions être à l’abri, que nous avons déjà assuré le maintien. Or, il y avait toute une phase retour à négocier et nous avions fait du n’importe quoi. C’est pourquoi je dis que la relégation en Ligue 2 était un accident de parcours et nous étions prêts depuis l’automne dernier à retrouver notre place parmi l’élite. Sauf que la continuité n’a pas été assurée à cause du départ de Jalel Ben Aïssa. Du coup, nous avons raté les matches barrages en octobre dernier, bien que nous ayons fait ce que nous pouvions.
Après, il fallait bien négocier le championnat de deuxième division avec pour seul objectif : l’accession. Un objectif largement dans nos cordes. En effet, le président du club, Noureddine Ben Brik, a assuré les conditions optimales de réussite. Les joueurs étaient payés à temps et le staff technique a bénéficié de toute la logistique dont il avait besoin.
Mais pourquoi Jalel Ben Aïssa était-il parti alors que la stabilité administrative était nécessaire ?
La pression des supporters à cause de la relégation était telle qu’il a préféré partir et ne pas se présenter pour un deuxième mandat. Mais on était là pour sauver le club et assurer sa pérennité.
Comment le ST a pu motiver et retenir les joueurs-cadres en Ligue 2 ?
Les joueurs cadres étaient conscients qu’ils endossaient le maillot d’un grand club qui est le Stade Tunisien même s’ils évoluaient en Ligue 2. Ils savaient pertinemment que leur cote n’allait pas régresser même s’ils jouaient en deuxième division et, qu’au contraire, ils allaient gagner en notoriété en aidant le club à retrouver sa place naturelle parmi l’élite. Puis, avoir dans l’effectif un joueur de la trempe de Karim Aouadhi, ce n’était pas rien. Sa présence a motivé d’autres joueurs à rester et à participer à l’aventure de l’accession. Enfin, comme je vous l’ai déjà dit, le président du club et les membres du bureau ont tout fait pour que les salaires soient payés à temps même si ce n’était pas si évident.
Quels sont vos plans pour développer l’équipe et retrouver le statut de favori ?
La première idée qui nous est venue à l’esprit après avoir assuré l’accession en Ligue 1 est d’abord de garder les pieds sur terre. Car ce qui a causé notre perte à l’issue de la saison 2020-2021, c’est précisément d’avoir pris la grosse tête. La relégation est toujours vive dans nos esprits. Nous étions confortablement installés en milieu de tableau et avions la possibilité de poursuivre la deuxième moitié de la saison l’esprit tranquille. Sauf que nos dirigeants ont commencé à faire du n’importe quoi. Avec le limogeage des entraîneurs, l’équipe a perdu la boussole. La crise de résultats a suivi et l’irréparable n’a pu être évité.
La première chose à faire est de rester tout simplement humble. Nous sommes conscients que nous venons de débarquer de la Ligue 2. D’ores et déjà, la gestion financière n’a pas été facile la saison dernière. Que dire maintenant ! Il nous faut un budget plus conséquent pour subvenir aux dépenses d’une équipe évoluant en première division.
Notre première priorité sera de récupérer nos joueurs de retour de prêt. Egalement, il faut savoir préserver les enfants du club qui ont assuré l’accession car l’identité du Stade Tunisien s’imprègne des enfants du club. Retrouver le statut de favori ne sera pas pour la saison prochaine. Peut-être, la saison d’après. Il faut savoir d’où on vient pour savoir où l’on va.
Y a-t-il un projet de restructuration administrative du club pour élargir l’assise financière du club ?
S’il y a un projet de restructuration administrative, il sera connu après la tenue de l’assemblée générale évaluative qui se tiendra à la fin de la saison, probablement au mois de juin. Il faut d’abord évaluer le travail accompli cette saison, tenir compte des exigences d’évoluer en Ligue 1 et, surtout, ne pas commettre les mêmes erreurs d’il y a une année.
Pour ce qui est du volet administratif, nous sommes sept à huit membres actifs à composer le bureau directeur. Au fur et mesure, nous avons injecté des personnes bénévoles dans les différentes sections. Pour pouvoir élargir l’assise financière, nous restons ouverts à toutes les propositions, notamment celles qui émanent des adhérents, à condition qu’elles respectent les statuts du club. Trouver des ressources, oui, mais que ce soit dans le cadre légal.
Il y a beaucoup de clans dans la famille stadiste. Que faire pour atténuer leurs effets ?
Ah ! Les clans ! Ce fléau existe dans tous les clubs, y compris les grosses cylindrées du championnat. Il y a d’ailleurs un grand club dont le principal pourvoyeur est son président et ce dernier n’est pas épargné par les supporters au moindre faux pas de l’équipe première de football. C’est dire que l’ingratitude est partout. Je pense que pour atténuer les clivages entre clans et afin de se faire respecter en tant que bureau directeur, il n’ y a pas mieux que de dire la vérité aux supporters sur la situation réelle du club. Avec nos forces et nos faiblesses, nous avons essayé, en tant que membres du bureau directeur actuel, de gérer comme nous pouvions la situation. Nous avons réussi notre pari sportif. Mais ce n’est que le début…
Les sponsors et les mécènes jouent-ils leurs rôles ?
Notre club ne déroge pas à la règle. L’appui des sponsors et des mécènes a considérablement diminué, ces dernières années. Les sponsors ne sont pas aussi généreux qu’ils l’étaient par le passé. C’est encore plus compliqué quand on évolue en Ligue 2 d’autant que les matches ne sont plus diffusés à la télévision. Et pour être honnête, la gestion financière a été particulièrement pénible cette saison.
Lotfi Kadri restera-t-il ?
Tout ce que je peux vous dire est qu’il sera là jusqu’au 20 mai, date du match qui nous opposera à l’équipe de Sidi Bouzid pour l’octroi du titre de champion de Tunisie de la Ligue 2. Après, viendra le temps du bilan. Il faut savoir aussi si Lotfi Kadri veut poursuivre ou non l’aventure. Tout se saura en temps voulu